Le constat est alarmant. En France, les derniers chiffres font état de
98 000 enfants en danger. L’Enfant Bleu Villeurbanne, association pour
l’enfance maltraitée œuvre depuis 1995 pour lutter contre ce fléau.
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« Un enfant maltraité ne parle pas. Parlez pour lui ! »
L’Enfant Bleu Villeurbanne lutte contre la maltraitance infantile.
Bleu : couleur douce, froide… Parfois synonyme de confort, de nid
douillet, le bleu symbolise aussi la douleur, ce qui reste visible
après un coup. C’est sur ce double sens que l’association lyonnaise a
vu le jour en 1995. Reconnue deux ans plus tard par la préfecture du
Rhône, elle est la petite sœur de l’Enfant Bleu Paris créée en 1989.
Six bénévoles et dix professionnels collaborent au sein du groupe.
Parmi eux, 4 psychologues assurent l’accompagnement thérapeutique et le
suivi psychique des victimes. 3 avocats gèrent la partie judiciaire.
Une juriste a pour mission principale d’informer de la gravité du «
silence » et de la non assistance à personne en danger. Un médecin et
une chargée de mission complètent l’équipe. Leur rôle : accueillir,
informer et sensibiliser les victimes et leur entourage aux
conséquences de la maltraitance. Dans le pire des cas, mener une action
judiciaire contre les protagonistes de ces violences. Si l’association
met en route des procédures judiciaires, le travail de l’Enfant Bleu
consiste d’abord à mener une grosse sensibilisation en amont. « Nous
sollicitons les professionnels de la petite enfance et de l’éducation,
explique Annita Copin, Présidente de l’association. Nous intervenons
dans les écoles, les Relais d’assistantes maternelles et sensibilisons
les infirmières et éducateurs. C’est important de détecter les enfants
en danger et de les prendre en charge lorsqu’ils ont subi un trauma… »
« La victime ne doit pas se sentir coupable »
Trois types de maltraitance sont observés : physique, psychologique et
sexuelle. Ces dernières « concernent 70% des dossiers que nous avons à
traiter, continue la présidente. A signaler que la plupart de ces
maltraitances se passent dans le cocon familial, avec des gens de
confiance pour l’enfant. » C’est entre autres ce qui explique les
difficultés qu’ont les enfants à divulguer ces informations. Le slogan
de l’association en dit long : «Un enfant maltraité ne parle pas.
Parlez pour lui ! » C’est en cela que réside tout le travail de Muriel
David, juriste à Enfant Bleu. Son métier, peu évocateur, consiste à
discréditer le silence. « Il faut vraiment insister sur l’obligation de
signalement. Garder un tel secret pour soi revient à laisser une
personne faire du mal à un enfant. Dans bien des cas, l’auteur des
violences culpabilise l’enfant, ce qui le condamne au silence. Or, une
victime reste une victime. Faire part d’un acte de maltraitance ne
s’assimile pas à la délation mais à une aide. Une aide pour nous, une
aide pour l’enfant. D’où la nécessité et le devoir de chacun de
communiquer une maltraitance quand il en perçoit les signes. Cela peut
se faire de façon anonyme. Il n’y a aucune crainte à avoir. En
revanche, s’abstenir de dire les choses est passible de sanctions.
C’est ce que l’on appelle de la non assistance à personne en péril ! »
« Les protagonistes de maltraitance ne sont pas systématiquement incarcérés »
Lorsqu’une affaire est lancée, l’association mène son enquête, organise
des rendez-vous, rencontre l’enfant… Et si le mal est découvert,
l’auteur des maltraitances est saisi par la justice. « A mon niveau, la
prévention ne sert plus à rien, confie Me Dominjon, avocate de
l’association. Mon travail consiste à intervenir quand le mal est déjà
fait. Je propose donc des solutions d’apaisement, des thérapies… Et
s’il y a lieu, je procède à une incarcération. Mais j’aide aussi les
familles et les membres de l’association à s’y retrouver au niveau
juridique. J’inculque des notions basiques de droit pour que chacun s’y
retrouve et sache qui contacter en cas de besoin. » L’incarcération
reste donc la solution radicale au problème de la maltraitance. « La
thérapie est le meilleur moyen d’apaiser les maux, le trauma, » assure
Caroline Nataf, psychologue pour Enfant Bleu.
« Soutenir pour mieux agir ! »
Depuis 2002, l’Enfant Bleu lutte corps et âme pour l’enfance
maltraitée. 500 dossiers ont été traités par l’association et 172 ont
nécessité l’intervention d’un avocat. Et alors que le nombre
d’adhérents augmente, que de plus en plus d’affaires sont mis à jour,
les partenaires se défilent et les dons diminuent. « Nous avons besoin
de soutien pour continuer à lutter contre ce fléau. Les entreprises
doivent nous aider car de nombreux enfants ont besoin d’un suivi. » Un
appel à l’aide et au soutien pour continuer d’agir sur le terrain et de
mettre à mal ces personnes qui font du mal aux enfants. Des parents,
des grands-parents, des oncles… Des personnes qui ont la tête de «
Monsieur Tout le Monde » et que l’on ne croyait pas capable de choses
parfois immondes.