Bruno C., en garde à vue depuis vendredi,
pourrait être déféré
au parquet ce soir en vue de sa mise en examen dans l'affaire du meurtre
de
l'étudiante suédoise. L'examen de son casier judiciaire révèle un parcours criminel hors
norme.
EN DECEMBRE 1983, alors qu'un juge d'instruction lui demande de s'expliquer sur l'enlèvement
et le viol de Virginie, 12 ans, Bruno C. jette à la barbe du magistrat : « Retourner en prison,
je m'en moque ! Cela me fera des vacances ! » A l'époque, il n'a que 26 ans et a déjà été condamné
à plusieurs reprises pour viol, vols et vols aggravés. Son palmarès, Bruno C.
le claironne,
une fois encore, devant la cour d'assises des Yvelines, en 1989 : «
J'ai quand même 32 ans,
et plus de dix-sept ans de prison ! » lit-on dans les comptes rendus
d'audience de l'époque.
La trajectoire criminelle du suspect n° 1 dans la mort de Sussanna
Zetterberg, 19
ans, découverte le 19 avril en forêt de Chantilly (Oise), est aussi
effrayante que son aplomb sur le banc des accusés. Elle commence alors
qu'il n'a que 15 ans : il est condamné à dix-huit mois de prison ferme,
pour vol à main armée. Cinq ans plus tard, en 1978, il écope de six ans
de prison pour vol aggravé et le viol d'une jeune femme de 22 ans,
commis à Senlis. A 4 km à peine de l'endroit où, il y a une semaine, le
corps de l'étudiante suédoise a été retrouvé atrocement
mutilé.
« Sous camisole de force à l'âge de 5 ans»
En janvier 1983, moins de
deux ans après sa sortie de prison, il enlève et viole Sylvie B., une auto-stoppeuse de 21 ans
qu'il embarque à La Celle-les-Bordes (Yvelines). Bruno C. la ligote, et l'abandonne - vive toutefois
- en forêt de Rambouillet. Quelques mois plus tard, il s'en prend à Virginie P., 12 ans, alors
qu'elle sort de son cours de tennis, à Senlis, encore. Il l'enlève à bord d'une voiture volée
en la menaçant d'une arme. Puis il la viole, en pleine forêt. Il a toutefois pitié de sa jeune
proie et dépose la fillette, qui souffre d'une hémorragie, devant l'hôpital d'Eaubonne (Val-d'Oise),
avant de prendre la fuite. Retrouvé deux jours plus tard, il est incarcéré. Pour ces deux viols,
la cour d'assises des Yvelines le condamne en mars 1989 à dix-huit ans de réclusion. Il restera
derrière les barreaux jusqu'en 1999.
Entre 2000 et 2007, Bruno C. est condamné pour diverses
atteintes aux biens : escroquerie, vol, abus de confiance. Le 24 août 2007, le tribunal correctionnel
de Paris lui inflige huit mois de prison, dont six avec sursis, pour exercice illégal du métier
de taxi et possession illégale d'armes. Il est également soumis à une mise à l'épreuve. Pendant
deux ans, il devra montrer sa bonne volonté au service pénitentiaire d'insertion et de probation,
à Paris. Depuis sa condamnation jusqu'à son arrestation vendredi, il s'y est rendu à trois reprises.
« Il ne faisait plus guère parler de lui pour des affaires de moeurs », confie une source proche
de l'enquête. De prédateur sexuel multirécidiviste, il semblait avoir repris les traits du délinquant
qu'il était au début de sa « carrière ».
Sa vie criminelle, Bruno C. l'a commentée lors de son
procès d'assises de 1989 ; il l'explique même par son « enfance tumultueuse », une personnalité
« caractérielle » et ses divers placements en hôpitaux psychiatriques pour enfants ou dans des
foyers de l'éducation surveillée. « J'ai été un enfant mis sous camisole de force à l'âge de
5 ans, expliquait-il alors aux jurés. Affection zéro, compréhension zéro, dialogue triple zéro,
mais je n'en veux pas à mes parents. » Adolescent, il se prostitue à Paris et sur la Côte d'Azur
pour subvenir à ses besoins. Avant de sombrer dans une spirale de plus en plus violente et criminelle.
Celle, précisément, que les enquêteurs s'emploient à retracer depuis vendredi soir.
Le parisien